«Tu vas voir le deuxième trimestre
est magique!»«Je m’ennuie tellement d’être enceinte…» «Tu
es chanceuse de porter la vie, c’est beau!»
C’est habituellement des phrases qu’on entend quand on débute une grossesse. Après la joie de
l’annonce magique vient les premiers mois où on a parfois
l’impression de ne pas être enceinte. Pas encore de bedaine, des
nausées, de la fatigue intense, du spotting un peu stressant… Ça
donne plutôt l’impression d’avoir une gastro juste avant nos
règles! On a hâte que ça commence pour vrai à paraître, à
bouger, etc. Bref, on a hâte d’avoir tous les bons côtés de la
grossesse. Ceux qu’on nous a souvent énumérés, qu’on a lus dans
les livres, qu’on a vus nos amies vivre!!! À nous les cheveux épais
et la peau rayonnante, le beau petit ventre rond, l’énergie X1000,
la joie, la bonne humeur, les seins pleins et rebondissants !!!!
Et si tous ces bons côtés
n’arrivaient juste jamais? Si à la place, tu te sentais comme une
merde collée sous une chaussure qui a passé sous un 10 roues? Si
tes hormones se foutaient bien de tout les supposés bienfaits de la grossesse. Si tu te payais
une belle dépression pré-partum? Personne ne nous en parle de cette
possibilité-là, elle n’existe nulle part dans les livres… En
plus de ne pas se sentir bien, on a l’impression de ne pas être
normale…
Ça m’est arrivé pour deux de mes
grossesses. Dans mes pires jours, je voulais tout laisser tomber.
J’ai même menacé mon chum de disparaître en lui laissant les
enfants qu’on avait déjà et de faire avorter celui qui était
dans mon ventre depuis plus de 32 semaines. On voit bien que mes
hormones me faisaient dire absolument n’importe quoi. J’adore mes
enfants, j’étais contente d’en porter un autre. Juste que
c’était trop, beaucoup trop de responsabilités pour ce que
j’étais capable de psychologiquement donner. Je voulais juste me
rouler en boule quelques temps dans le bois. Plus de responsabilités.
Plus de gens. Plus de demandes. Rien, juste rien. Je ne trouvais pas
la force de m’occuper des autres, quand je ne pouvais même pas
m’occuper de moi-même. Je n’avais pas ENVIE de m’occuper de
moi-même. Je ne voulais pas affronter le monde extérieur, mon monde
intérieur était bien assez trop pour moi… J’en ai parlé a
personne sur le coup, quand même je parle de ça à qui…? J’étais
bien trop bouleversée par mes sentiments pour prendre la chance de
me faire juger, décortiquée par quelqu’un. Sauf, mon chum bien
sûr qui vivait mes crises, complètement démuni ne reconnaissant
plus la femme qui partage sa vie, la mère de ses enfants. Alors je
me suis coupée du monde, je me suis enfermée dans ma détresse. J’ai
traversé chaque journée en me disant que je n’avais pas d’autre
choix quand même, qui d’autre serait assez fou pour prendre ma
vie. C’est moi qui l’avais façonnée et je n’avais pas le
choix d’en assumer les conséquences.
Et au bout de ce qui m’a paru un long
calvaire, j’ai accouché! Mes hormones se sont toutes replacées,
j’ai finalement vécue l’état de grâce que j’étais supposée connaître!! Je me suis finalement sentie normale.
Il ne faut pas perdre espoir, que la
dépression soit post-partum ou pré-partum, parce que oui oui ça
existe, elle finit par passer et nous ne sommes pas des extra-terrestres.
Hormonalement vôtre
Maman heureuse de sa vie
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