jeudi 6 février 2020

N’appartenir qu’à soi

Tu déploies depuis peu, ta main entière pour montrer aux gens l’âge que tu as. Bague au doigt et tête couronnée, tu as souvent envie de ressembler à une princesse. Depuis que tu as l’attention nécessaire pour bien suivre les histoires que je te lis, ton champ d’intérêts s’est dirigé vers les contes de fées. C’est bien malgré moi, car j’ai essayé de t’éloigner des subterfuges de la royauté. Je croyais ainsi t’épargner ce que la société attend de nous, les femmes; être belles et se taire. J’ai longtemps caché le livre de cendrillon sur l’étage la plus haute de notre bibliothèque. Car, dès la lecture terminée, tu demandais que je le lise à nouveau.
Un jour, tu as découvert la version de Disney de la princesse et la grenouille dans un Croc-livre. Face à ton émerveillement je n’ai eu d’autre choix que d’apporter ce livre à la maison. Je te l’ai lu à petite dose en souhaitant que tu t’en désintéresses au fil des jours. Mais, tu étais captivée par ce récit et tu voulais connaître la suite jour après jour. J’ai dû me rendre à l’évidence, je ne pourrai t’empêcher de bâtir ta propre personnalité. J’ai aussi remarqué que les ‘’princesses nouveau genre’’ ressemblent davantage à des héroïnes qu’à de sottes jeunes filles attendant qu’un prince charmant viennent les sauver. Face à ce constat, je t’ai déniché le livre de Tiana (la princesse qui devient elle aussi grenouille) dans une bouquinerie.
Je suis ravie de te voir grandir et devenir une personne attentive au bonheur des autres. J’ai cru à tort que tu deviendrais capricieuse et égocentrique à force de jouer à la princesse. Mais les personnages que tu t’inventes veulent sauver le monde. Tu répands l’amour autour de toi. Tu m’inspires la joie et l’espoir d’un monde peuplé de petits héros.

À tes seize ans, contrairement à la belle au bois dormant, tu resteras bien éveillée. Plutôt que de te piquer le doigt sur un fuseau, tu écriras sûrement des histoires captivantes. À l’aide de ta plus belle plume, tu construiras un univers bien à toi. Et si les fées abondent dans les pages que tu noirciras, je ne t’en tiendrai pas rigueur. Je t’inviterai même à les mettre en couleur.
Ta maman qui n’a rien d’une reine, hormis sa princesse

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