mercredi 6 juin 2018

Mon pré-partum


«Tu vas voir le deuxième trimestre est magique!»«Je m’ennuie tellement d’être enceinte…» «Tu es chanceuse de porter la vie, c’est beau!»

C’est habituellement des phrases qu’on entend quand on débute une grossesse. Après la joie de l’annonce magique vient les premiers mois où on a parfois l’impression de ne pas être enceinte. Pas encore de bedaine, des nausées, de la fatigue intense, du spotting un peu stressant… Ça donne plutôt l’impression d’avoir une gastro juste avant nos règles! On a hâte que ça commence pour vrai à paraître, à bouger, etc. Bref, on a hâte d’avoir tous les bons côtés de la grossesse. Ceux qu’on nous a souvent énumérés, qu’on a lus dans les livres, qu’on a vus nos amies vivre!!! À nous les cheveux épais et la peau rayonnante, le beau petit ventre rond, l’énergie X1000, la joie, la bonne humeur, les seins pleins et rebondissants !!!!

Et si tous ces bons côtés n’arrivaient juste jamais? Si à la place, tu te sentais comme une merde collée sous une chaussure qui a passé sous un 10 roues? Si tes hormones se foutaient bien de tout les supposés bienfaits de la grossesse. Si tu te payais une belle dépression pré-partum? Personne ne nous en parle de cette possibilité-là, elle n’existe nulle part dans les livres… En plus de ne pas se sentir bien, on a l’impression de ne pas être normale…

Ça m’est arrivé pour deux de mes grossesses. Dans mes pires jours, je voulais tout laisser tomber. J’ai même menacé mon chum de disparaître en lui laissant les enfants qu’on avait déjà et de faire avorter celui qui était dans mon ventre depuis plus de 32 semaines. On voit bien que mes hormones me faisaient dire absolument n’importe quoi. J’adore mes enfants, j’étais contente d’en porter un autre. Juste que c’était trop, beaucoup trop de responsabilités pour ce que j’étais capable de psychologiquement donner. Je voulais juste me rouler en boule quelques temps dans le bois. Plus de responsabilités. Plus de gens. Plus de demandes. Rien, juste rien. Je ne trouvais pas la force de m’occuper des autres, quand je ne pouvais même pas m’occuper de moi-même. Je n’avais pas ENVIE de m’occuper de moi-même. Je ne voulais pas affronter le monde extérieur, mon monde intérieur était bien assez trop pour moi… J’en ai parlé a personne sur le coup, quand même je parle de ça à qui…? J’étais bien trop bouleversée par mes sentiments pour prendre la chance de me faire juger, décortiquée par quelqu’un. Sauf, mon chum bien sûr qui vivait mes crises, complètement démuni ne reconnaissant plus la femme qui partage sa vie, la mère de ses enfants. Alors je me suis coupée du monde, je me suis enfermée dans ma détresse. J’ai traversé chaque journée en me disant que je n’avais pas d’autre choix quand même, qui d’autre serait assez fou pour prendre ma vie. C’est moi qui l’avais façonnée et je n’avais pas le choix d’en assumer les conséquences.

Et au bout de ce qui m’a paru un long calvaire, j’ai accouché! Mes hormones se sont toutes replacées, j’ai finalement vécue l’état de grâce que j’étais supposée connaître!! Je me suis finalement sentie normale.

Il ne faut pas perdre espoir, que la dépression soit post-partum ou pré-partum, parce que oui oui ça existe, elle finit par passer et nous ne sommes pas des extra-terrestres.

Hormonalement vôtre
Maman heureuse de sa vie

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