mercredi 27 février 2019

Les bébés nous amènent où on ne veut pas aller

 Les bébés nous amènent où on ne veut pas aller
Cette phrase, mes deux sages-femmes me l'ont répétée souvent, surtout vers la fin de ma grossesse. Mais dès le début, c'était déjà vrai. Je suis tombée enceinte par accident, moi qui n'ai jamais voulu d'enfant et qui les a même longtemps détestés. J'étais en couple depuis pas très longtemps et c'était un sujet que nous n'avions évidemment pas abordé avant de nous retrouver devant un test de grossesse positif deux jours avant Noël... Disons que c'était très loin de ressembler à un moment de joie et de bonheur comme on le voit dans les films!
J'ai pleuré beaucoup dans les premières semaines de ma grossesse. Même si mon chum m'a toujours dit qu'il voulait (beaucoup) d'enfants, il a paniqué devant le fait accompli. Sans emploi et avec un nouveau diagnostic de trouble de santé mentale, il ne se voyait pas devenir papa. De mon côté, avec plusieurs milliers de dollars de dettes et sans aucun contact avec ma famille, je ne voyais pas comment je pourrais m'en sortir. Mais une chose était certaine, l'avortement n'était pas envisageable pour moi. À chaque fois que j'y pensais, c'était la mort qui me hantait. Pas pour mon bébé. Pour moi.
Le destin a fait que je n'ai pas été capable d'obtenir un rendez-vous avec un médecin au cours de ces premières semaines pour voir un peu plus clair dans tout ça et c'est donc vers le service de sage-femme que je me suis naturellement tournée. Et le destin a fait aussi en sorte qu'à Montréal, toutes les maisons de naissance étaient débordées et que c'est à Granby que j'ai pu obtenir une place en utilisant l'adresse de mes beaux-parents a qui nous avons dû annoncer la nouvelle. Ces derniers (qui trépignaient de joie) ont su rassurer mon chum et moi en nous offrant de nous aider du mieux qu'ils pouvaient si nous faisions le choix de garder le bébé.
Au fil des rendez-vous avec les sages-femmes auxquels mon beau-père nous accompagnait puisque nous n'avions même pas d'auto à l'époque, nous sommes devenus plus à l'aise avec l'idée de devenir parents. Après la deuxième échographie où nous avons découvert que nous attendions une petite fille, j'ai même été surprise de voir mon chum heureux comme je ne l'avais jamais vu en annonçant la nouvelle à sa meilleure amie. Ça m'a rassurée beaucoup!
Ma grossesse s'est somme toute bien passée outre la fatigue accablante dont j'ai été affligée jusqu'au 5e mois environ. Mais disons que tout s'est rattrapé pour l'accouchement... Dès que nous avons pris la décision de poursuivre la grossesse, il était clair pour moi que je voulais un accouchement le plus naturel possible, sans intervention médicale et à la maison. Je n'ai jamais douté de la capacité des femmes à donner la vie et pour moi, l'hôpital est plus menaçante que rassurante. Mon chum était du même avis, je n'ai pas eu à le convaincre là dessus. Je rêve même d'accoucher seule et en pleine nature, loin de tout... pour une deuxième grossesse peut-être! Je lis beaucoup de récits de naissance où il est question d'accouchement orgasmique, de naissance dans l'eau, d'hypnose et autres. Je repousse les craintes de mon entourage vis-à-vis du suivi sage-femme et des naissances naturelles. Mais l'accouchement à la maison est complexe dans mon cas puisque je dois « l'imposer » à mes beaux-parents et même s'ils acceptent ma demande, mon chum et moi choisissons la maison de naissance pour cette fois-ci. Nous la visitons même à deux reprises pour nous assurer de choisir la chambre la plus adéquate pour nous.
La fatidique quarantième semaine de grossesse arrive après un été plus que caniculaire. Je me sens de plus en plus lourde et outre la douleur qui pèse sur mon bassin depuis quelques jours, je ne ressens aucun signe particulier qui me laisserait croire que mon bébé est en route. Je ne suis pas impatiente, je ne m'attends pas à accoucher avant la 41e semaine de toute façon. Ma sage-femme me recommande tout de même de prendre un rendez-vous à l'hôpital pour faire un monitoring à 41 semaines et 3 jours au cas où, mais selon elle, je risque fort probablement d'avoir mon bébé dans les bras avant cela.
La veille du rendez-vous, toujours aucun signe que bébé est en route. Je la sens toujours bien active dans mon ventre et je ne veux pas me présenter à l'hôpital pour me faire faire la morale par les médecins. J'ai aussi peur que l'on m'oblige à y rester, peur qui se dissipe finalement lorsque ma sage-femme me confirme que je peux refuser toute intervention que je ne veux pas subir. Après une nuit sans sommeil, je me rends (en retard) au rendez-vous, pour faire plaisir à mon entourage et faire taire leurs inquiétudes. Les tests me donnent raison : bébé va bien. Je refuse la prise de sang, le toucher du col et j'écoute d'une oreille distante le discours de la médecin sur les risques d'une grossesse après 42 semaines de gestation. Je quitte l'hôpital en colère de devoir subir autant de jugement et pour me changer les idées, mon chum me propose de passer l'après-midi à nous promener sur les petits chemins de campagne. De retour chez mes beaux-parents, je téléphone à ma sage-femme et je me vide le cœur sur ma visite à l'hôpital. Nous convenons de nous voir le lendemain pour discuter de la suite des choses.
Le lendemain, je demande à ma sage-femme de me faire un toucher du col afin de voir si mon corps a commencé à travailler. Elle constate que je ne suis pas dilatée, que mon col est encore relativement ferme et que la tête de mon bébé est encore haute. Ma sage-femme me mentionne que nous devons commencer à travailler plus activement pour signaler à mon bébé qu'il peut maintenant sortir. Teintures-mères, huile d'onagre, exercices : j'ai plusieurs choses à faire pour aider mon corps à se mettre en branle. Je dois aussi travailler sur ma tête et me préparer à accueillir mon bébé de toutes les manières possibles. C'est pour moi le plus difficile et ma sage-femme le sait : c'est aussi par respect pour son travail que je compte tout faire pour qu'elle constate une amélioration lors de ma prochaine visite. Parce que je ne veux surtout pas finir à l'hôpital et que l'on déclenche mon travail de force...
Deux jours plus tard, je ressens pour la première fois, ce que je crois être une contraction. C'est assez fort pour me réveiller pendant la nuit. Le matin, je téléphone donc à ma sage-femme pour lui annoncer la nouvelle et elle accepte de venir m'examiner à la maison au courant de la journée. Pendant la journée, je continue de ressentir de petites contractions, mais c'est tout à fait supportable. Lors de sa visite, ma sage-femme constate que mon col a un peu évolué, mais sans plus. Je suis déçue, mais je continue à faire tout ce qui est possible pour faire travailler mon corps. Le lendemain soir, les contractions s'intensifient. Elles sont maintenant aux 15 minutes. Je tourne en rond dans la maison, je me sens comme une chatte qui cherche son coin pour mettre bas. Ma belle-mère est très stressée et je suis contente de pouvoir « m'enfuir » pour trouver la paix à la maison de naissance. Comme j'ai plus d'une heure de route à faire, j'appelle ma sage-femme qui me donne son accord pour que l'on puisse s'y rendre. Arrivés sur place, elle m'examine rapidement, mais comme il est passé minuit, nous convenons de nous coucher pour reprendre des forces. Je n'arrive pas vraiment à dormir et mon chum non plus. Les contractions sont toujours présentes, mais leur intensité et leur fréquence diminuent drastiquement. Je sens que je ne suis malheureusement pas au bon endroit...
Le matin, les contractions sont disparues. Après un monitoring des mouvements fœtaux, ma sage-femme m'annonce que je dois quitter la maison de naissance étant donné que mon travail n'est pas réellement commencé. C'est un peu ce que je craignais, mais nous convenons d'un arrangement : nous louerons une chambre d'hôtel et ma chambre à la maison de naissance sera réservée pour les prochaines 24 heures. Mon chum et moi trouvons une chambre d'hôtel confortable dans les environs. Nous passons la journée à regarder des films légers et je me sens beaucoup mieux. J'arrive à dormir, à prendre une douche et à manger même si les contractions sont toujours présentes. Le soir, nous passons beaucoup de temps à chercher un téléphone public afin que je puisse tenir ma sage-femme au courant de ma situation (nous n'avons pas de cellulaire). C'est finalement en faisant (un peu) peur à une gérante d'un Jean Coutu qui ne voulait vraiment pas que j'accouche dans son magasin que je réussis à trouver un téléphone pour la joindre. Nous décidons que je suis maintenant prête à tenter un déclenchement naturel de mon travail le lendemain à la maison de naissance.
Je passe toute la journée du lendemain à arpenter les couloirs de la maison de naissance pour essayer d'accueillir mes contractions le plus sereinement possible. Vers l'heure du souper, je suis prise d'une crise de panique et je demande à mon chum de joindre ma deuxième sage-femme puisqu'il y a un changement de garde cette journée-là. Elle arrive quelques minutes plus tard (elle arrivait dans le stationnement au moment de l'appel) et elle me prend aussitôt dans ses bras. Même si nous nous sommes vues qu'une seule fois, elle arrive immédiatement à comprendre dans quel état je me trouve et elle m'apporte le réconfort que j'ai besoin à ce moment -là. Elle constate que mon col à légèrement évolué, mais que je ne suis toujours pas sur le point d'accoucher. Elle m'invite par la suite à m'apaiser dans un bain chaud entouré de chandelles avant que nous amorcions le déclenchement. Lorsque je me suis calmée, elle m'invite à m'installer sur un ballon d'exercice et elle me munit d'un tire-lait électrique. Je dois également prendre en alternance des teintures-mères à plusieurs reprises. Elle inclut tout de suite mon chum dans le processus, lui qui ne savait pas trop où se placer dans les derniers jours. Au bout d'une heure, nous sortons prendre l'air. J'ai de la difficulté à avancer et j'ai très mal au cœur. Je sens encore que je ne suis pas au bon endroit et mon chum est d'accord. Il regrette que nous n'ayons pas trouvé une solution pour faire l'accouchement à domicile, en empruntant par exemple, la maison de son frère qui ne l'occupe pas présentement. Lorsque nous revenons à l'intérieur, je parle de notre discussion avec la sage-femme qui me répond qu'il n'est jamais trop tard pour un accouchement à domicile. Je suis tellement heureuse! Nous convenons donc de quitter la maison de naissance et d'apporter avec nous le matériel nécessaire. Je reprends confiance en moi puisque je vais enfin avoir l'accouchement que je souhaite!
Mais n'oublions pas que les bébés nous amènent où l'on ne veut pas aller...
Je passe les deux jours suivants avec mon chum dans la maison de son frère. Les contractions sont fortes, mais leur rythme n'augmente pas. Je pleure souvent et je commence à être très fatiguée. Mon bassin me fait extrêmement mal, je n'arrive pas à trouver une position confortable, je n'arrive pas à dormir et je crie tellement fort qu'un voisin de la rue appelle la police... Je parle plusieurs fois au téléphone avec ma sage-femme. Elle me rassure et m'écoute pleurer. Elle me dit de tout laisser aller pour faire de la place pour accueillir mon bébé, mais ce n'est vraiment pas facile. Au bout du rouleau, je lui demande de venir crever la poche de mes eaux le lendemain pour provoquer définitivement l'accouchement.
7 septembre 2018 – Le jour où rien ne s'est passé comme prévu...
Le matin, la sage-femme vient nous rejoindre à la maison du frère de mon chum. J'ai eu le temps de déjeuner légèrement et de prendre un bain. Pendant que j'aide la sage-femme à s'installer, mon chum purifie la maison avec de la sauge. Nous sommes tous calmes et prêts à accueillir notre bébé. Je m'installe dans le lit et la sage-femme perce la poche des eaux. Toutefois, le liquide amniotique est verdâtre et le rythme cardiaque de mon bébé augmente et ne veut pas se stabiliser. Elle m'indique qu'il faudra malheureusement se rendre à l'hôpital. Je m'effondre en larmes de devoir dire définitivement adieu à mon rêve d'accouchement à la maison. Pour moi, les hôpitaux sont les pires des endroits pour accueillir les bébés et ce n'est vraiment pas ce que je souhaite pour ma fille... et pourtant.
C'est le trajet le plus long de ma vie. Nous avons un peu plus d'une heure de route pour nous rendre à Sherbrooke (de nouveau) et les contractions sont vraiment douloureuses. De plus, nous devons nous arrêter pour faire le plein en raison de tous les déplacements que nous avons fait dans la dernière semaine... Lorsque nous arrivons à l'hôpital, le stationnement est embourbé par les travaux et mon chum droit crier sur les travailleurs pour que nous puissions arriver à passer (il a pu aller s'excuser plus tard). La sage-femme m'accueille avec une chaise roulante et elle me mentionne que pendant le trajet, elle a pu nous réserver une chambre sans transférer mon dossier à l'hôpital. Si mon bébé va bien, nous pourrons donc continuer de travailler ensemble. Lorsque j'entre dans la chambre, je suis très surprise : une très grande fenêtre avec vue sur les montagnes surplombe la chambre, mon copain a son propre lit et j'ai ma propre toilette ainsi que mon propre bain. Moi qui pensait être obligée de partager ma chambre avec une inconnue, je suis très rassurée. La sage-femme m'examine et je suis maintenant dilatée à 5 centimètres et le rythme cardiaque de mon bébé est revenu à la normale. Ça m'encourage à accueillir les contractions à venir qui sont de plus en plus douloureuses.
Pendant les 5 heures suivantes, je suis dans une sorte de transe de douleur. J'essaie plusieurs positions avec la sage-femme, mais je n'arrive pas à me calmer. Pendant un moment, les débarbouillettes d'eau chaude apposées sur le bas de mon dos m'aident un peu, mais j'ai l'impression que mon bassin va se fendre en deux à chaque contraction. La sage-femme croit que le bébé est mal positionné et que c'est pour cette raison que la dilatation de mon col ne progresse pas. Nous tentons de faire quelques manœuvres avec une écharpe, mais c'est vraiment trop douloureux. Je réclame un bain qui m'apaise un peu et je réalise qu'à ce moment, je suis totalement épuisée. Entre deux pleurs, je demande à la sage-femme d'avoir la péridurale même si au départ, c'est la dernière chose au monde que je souhaitais.
À partir de ce moment, ma chambre se remplie et une dizaine de personnes s'activent autour de moi. J'ai vraiment peur de la suite des choses, mais je ne suis plus capable de supporter la douleur. Je m'accroche au visage d'une infirmière que je vois pour la première fois, mais en qui j'ai immédiatement confiance. Annie a eu le temps de lui glisser à l'oreille que j'ai une peur bleue des aiguilles et l'infirmière ne cesse de me rassurer. En fait, la douleur de mes contractions est tellement intense que je ne sens même pas ces aiguilles. En observant le moniteur qui est maintenant installé sur mon ventre, elle me dit que la force de mes contractions est très élevée et que j'ai raison d'avoir aussi mal. On contacte l'anesthésiste pour l'installation de la péridurale et il arrive très rapidement. J'apprendrai, une fois un peu plus calmée, qu'il avait été tellement surpris par l'intensité de mes cris entendus par le téléphone qu'il avait fait le plus vite possible. La procédure se fait rapidement et je ne sens pratiquement rien, qu'un léger picotement lors de l'entrée de l'aiguille. La douleur des contractions disparaît complètement et laisse place à un intense sentiment de bien-être. Je suis maintenant très calme et je fais des blagues avec l'anesthésiste et le reste du personnel. Comme mon bébé demeure stable, on me dit que je vais pouvoir prendre du temps pour me reposer, ce que je n'ai pas fait depuis plusieurs jours.
La gynécologue vient m'examiner. En regardant le moniteur, elle me dit qu'elle ne comprend pas comment j'ai pu endurer autant de douleur aussi longtemps, ce qui me rassure dans un certain sens. Avec une de ses étudiantes, elle constate alors qu'une malformation de mon bassin empêche la dilatation de mon col, qui n'est d'ailleurs pas plus dilaté qu'au début de mon travail actif. Elle me dit que nous pouvons attendre encore de voir ce qui va se passer, mais selon elle, il n'y a pas beaucoup de chances que mon bébé naisse naturellement. Pour la première fois dans l'aventure de ma grossesse, je ne sens aucun jugement de la part d'un médecin sur le travail des sages-femmes. Je sens aussi beaucoup de respect dans sa voix lorsqu'elle s'adresse à ma sage-femme et je lui fais donc confiance. Elle sait que la césarienne est vraiment pour moi le pire des scénarios, mais je dois me rendre à l'évidence que je fais partie de ce pourcentage de femmes pour qui la césarienne est la seule option. Je donne donc mon accord pour que l'on fasse l'opération le plus rapidement possible pour ne pas jouer inutilement avec la vie de mon bébé.
Avant d'entrer dans la salle d'opération, on me confirme que ma sage-femme pourra être à mes côtés pendant toute la procédure. Ça me rassure beaucoup. Dans la salle, je reconnais l'inhalothérapeute qui s'occupera de moi au travers de son masque puisque nous avons travaillé ensemble il y a une dizaine d'années environ. J'en reviens tout simplement pas! Tout est mis en place pour que je sois en totale confiance avec mon copain qui me tient la main droite et ma sage-femme la gauche. La salle d'opération est bondée, mais la gynécologue me dit de ne pas m'inquiéter. C'est que tout a été mis en place « au cas où » puisqu'on ne voit pas souvent des grossesses qui frôlent les 43 semaines de gestation. On ouvre rapidement mon ventre et on entend déjà mon bébé pleurer au loin! Tout le monde rit dans la salle d'opération et on le sort rapidement de là. Ma sage-femme me quitte quelques instants et elle va voir comment se porte ma fille. Elle est en parfaite santé et on la remet rapidement à son papa qui me la présente. Je me souviens ne pas avoir trop réagi à ce moment, il y avait trop de choses qui se passaient autour de moi et disons que l'anesthésie était très efficace. Je me suis complètement remise à ma sage-femme qui me confirmait que tout allait très bien, c'était tout ce qui comptait à ce moment. J'ai continué à parler avec la gynécologue pendant qu'elle me recousait et nous avons rit à plusieurs reprises. J'ai eu la salle de réveil pour moi toute seule ainsi qu'une gentille infirmière avec qui parler. Après s'être assurée que j'allais bien, ma sage-femme est allée rejoindre mon chum et mon bébé pour l'assister un moment. Il me dit encore aujourd'hui qu'il a vraiment apprécié son aide à ce moment puisque ma fille était très affamée et qu'elle était en pleurs pendant tout le temps de mon réveil. Par la suite, elle est revenue à mes côtés et nous avons partagé un moment d'une grande intimité et de confidences où j'ai pu, avec son soutien, faire le deuil de vieilles blessures qui sont restées dans la salle de réveil du CHUS Fleurimont. Vers minuit, j'ai pu faire la rencontre de ma fille et j'ai pu lui donner le sein pour la première fois, assistée de ma sage-femme. Même si j'étais extrêmement maladroite les premières fois où j'ai pris ma fille dans mes bras, l'allaitement s'est tout de suite instauré sans aucune complication.
Cette nuit-là, nous sommes devenus une famille. Même si nous n'avions rien planifié, même si nous n'avions pas pris de cours prénataux, même si nous n'avions pas de maison, pas d'argent et très peu de connaissances avec les bébés, nous nous sommes tout de suite mis à travailler en équipe pour prendre soin de notre fille. Mais surtout, nous sommes tombés en amour immédiatement avec notre fille. Même si nous avons beaucoup hésité, nous ne regrettons rien.
Si je ne suis pas en dépression post-partum aujourd'hui, je le dois beaucoup à mes sages-femmes. Leur soutien tant physique que psychologique m'a permis de mettre toutes les chances de mon côté pour que mon expérience soit la plus positive possible. Même si la césarienne était pour moi la pire des options, j'en garde aujourd'hui un bon souvenir malgré la longue convalescence. Grâce à l'écoute et à la compréhension de mes sages-femmes, j'ai pu vraiment tout essayer pour accoucher naturellement sans conserver l'idée d'un sentiment d'échec.
Il y a une époque dans ma vie où je détestais tellement les bébés et j'étais loin de me douter que je tomberais autant en amour avec ce petit être qui s'accroche tout le temps à moi. La magie s'est également opérée pour son papa qui m'a révélé, il n'y a pas si longtemps, n'avoir jamais pensé pouvoir aimer autant un être humain. Comme tout le monde, nous vivons nos hauts et nos bas, mais nous sommes désormais une famille qui ne pensait jamais se rendre où elle est maintenant.
Marjolaine Deneault

1 commentaire:

  1. Marjolaine ma grande fille devenue Maman dans des circonstance similaire aux miennes ton texte est touchant et je lai lu avec émotions et non sans peine de n'avoir pu tenir ta main t'apporté
    le soutient d'une vraie maman et le réconfort que tu méritais par contre tu était bien entouré et c'est un apaisement en tant que maman au moins j'ai pu avoir les fais de ce que tu as vécu et je serais toujours si fière de toi je t'ai donné ma force , mon caractère et ma transparence et je te souhaite maintenant le meilleur et la résilience de comprendre que la perfection n'existe pas et que Aglaé te remplisse d'amour pour te rendre jusqu'à moi ...je t'aime tant ❤

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